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  • Photo du rédacteurcabinet altervéto

Effets du réchauffement climatique sur le parasitisme en région Bretagne

Dernière mise à jour : 16 nov. 2023




C'est embarrassant mais faut bien avouer que la gestion du parasitisme à l'herbage est de plus en plus compliquée dans notre région. Et à l'heure où l'on souhaite tous utiliser moins de produits chimiques pour traiter nos animaux, chez certains le sujet devient presque tabou..

Dans les troupeaux que je suis depuis plusieurs années et qui me servent de références, se sont les strongles digestifs et respiratoires qui posent le plus de soucis..

Comment interpréter et analyser ces recrudescences de parasites ? Comment s'y adapter ?

Sans trop de prétention je vais tenter d'aborder ici quelques des pistes de réflexion à ce sujet.


En priorité, il faut remettre nos pratiques en question

Le premier écueil en la matière provient d'une compréhension du parasitisme généralement très rudimentaire. Celle-ci rend notre vision globale de cette problématique très partielle quand elle n'est pas carrément erronée..


En tant que composante à part entière des écosystèmes et de leur biodiversité les organismes communément appelés parasites vont en réalité comme tous les autres êtres vivants subir les changements climatiques et tenter de s'y adapter.. tout simplement.


Les parasites s'adaptent aux aléas climatiques

Pour survivre aux phénomènes météorologiques extrêmes, les parasites modifient le développement de leurs populations.

Par conséquent les calendriers annuels de prévention établis selon une météo annuelle dans la moyenne sont obsolètes. Il faut désormais se résoudre à tenir compte des aléas du climat pour ajuster les actions préventives et curatives.

Et quoi de plus parlant qu'une photo comparative entre deux années consécutives 2022 et 2023 et pourtant tellement différentes !!


On comprend aisément que l'allongement de la durée du pâturage suite aux hivers doux et les étés pluvieux sont des facteurs météo qui augmentent significativement le risque parasitaire.

Mais ce qui perturbe le plus le développement des population de strongles ce sont paradoxalement les épisodes de sècheresse.

Or la sécheresse des sols en Bretagne un phénomène nouveau et récurrent depuis 2020.


Parasites et sécheresse, des phénomènes d'adaptation bien rodés

La sécheresse perturbent toute la vie du sol et les parasites n'échappent pas à la règle..

La plupart d'entre eux vont bien évidement mettre en place des mécanismes d'adaptation pour leur survie. Ainsi, suite au retour des conditions d'humidité ont observe régulièrement des explosions de certaines populations et tout particulièrement des strongles digestifs..


Comprendre et anticiper une reprise active des multiplications parasitaires suite à une période de sécheresse estivale est difficile. En effet, cela va dépendre d'un alignement de conditions sur plusieurs semaines.


Les larves de strongles sont très sensibles à la dessiccation. Donc lorsque les sols s'assèchent elles vont se mettre « en pause » et tenter de survivre en se mettant à l’abri dans le sol.

Une fois en pause elles peuvent attendre le retour des pluies pendant plusieurs semaines à conditions que leurs abris ne sèchent pas complètement.

Le taux de survie et la localisation des zones encore parasitées sur une parcelle ne sont pas faciles à déterminer. En fonction de la végétation résiduelle, des haies et des talus qui bordent les prairies on pourra observer localement de très nettes différences.

Ainsi au court de l'été, certains espaces qui semblaient peu parasités peuvent tout d'un coup présenter de très fortes concentrations en larves de strongles infestantes.

Dans le régions méridionales ces phénomènes sont bien connus. Cette résurgence des strongles digestifs à lieu généralement après les orages du mois d’août. Traditionnellement à cette période les éleveurs ont donc pour habitude de garder les animaux en bâtiment tant que l'herbe est mouillée afin de limiter les infestations.

Autant dire qu'en Bretagne les conduites d'élevage et les conditions de pâturage sont loin d'être adaptées..


Quelles solutions ?

Inutile de se mentir à moyen terme si l'on veut se passer des chimiques et ne pas finir comme la nouvelle Zélande il va falloir changer nos pratiques : s'adapter à la nature et aux évolutions climatiques..


Cela dit à court et moyen terme ce n'est évidement pas possible dans la majorité des élevages qui se retrouvent bloqués à plusieurs niveaux..

alors dans l'urgence il ne faut pas hésiter à ressortir l'arsenal chimique même si on a tous conscience que la situation n'est pas pérenne..

par ailleurs en attendant d'être prêt à opérer des changements radicaux dans les conduites, pour limiter l'usage et la quantité de produit il existe des moyens efficaces d'anticiper et d'optimiser les traitements.


La mauvaise nouvelle c'est que pour le moment cela nécessite des réflexions individualisées et ajustées à chaque saison. il faut parfois se faire conseiller et surtout acquérir quelques automatismes auprès de professionnels (véto et conseillers agricoles) qui sont actuellement encore trop peu nombreux à maîtriser ces problématiques.

Cela dit ce n'est pas impossible puisque depuis plus de 10 ans je résous des soucis de parasitisme chronique en ferme et que j'accompagne ces éleveurs vers l'autonomie et oui les plus malins s'en sortent à terme plutôt très bien !

Bref il y a des perspectives pour peu qu'on soit prêt à changer et çà c'est vrai que c'est pas gagner pour tout le monde !!

ça tombe bien je n'ai pas vocation à sauver le monde.. Juste avancer en complémentarité avec des personnes motivées et en recherche de solutions.


à bon entendeur !

dr.vet Émilie Salesse

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