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Réponse à l'Ordre d'une vétostéo en pratique exclusive au sujet de la permanence des soins

Dernière mise à jour : 16 nov. 2023



Depuis fin 2022, je suis confrontée à une certaine rigidité de la part de certains de mes confrères bretons qui exigent que je propose un service de garde au même titre que les vétérinaires généralistes.

Le sujet des gardes et de la continuité de soin soulèvent de nombreuses problématiques au sein de la profession.

Les solutions actuellement proposées laissent de coté une partie des professionnels : véto solo isolé, véto en pratique exclusive, cabinet implantée en zone "désertifiée"...


Plutôt que de nous ficher "hors la loi", je demande à ce que la profession reconnaisse la légitimité du statut de vétérinaire pratiquant exclusivement l'ostéopathie afin de proposer des solutions en cohérence avec ses particularités.


Dans ce cadre, voici donc le courrier que j'ai adressé au président de l'ordre de Bretagne aujourd'hui :


Cher Confrère,


Fin 2022, à la demande d'un confrère voisin et anonyme, vous m'avez demandé d'expliciter ma communication vis à vis de la PCS de mon cabinet vétérinaire d'ostéopathie en pratique exclusive.

Demande à laquelle j'ai répondu en janvier 2023.

Puis en avril, vous avez diligenté une enquête administrative à l'égard de mon établissement de soin afin de vérifier sa conformité au regard du code déontologique.


C'est le Drvet. L**** qui a été chargé de venir me rencontrer et de visiter mon local. Ses conclusions révèlent deux manquements mineurs :

  • l'absence de croix bleue réglementaire qui sera mise en place la dernière semaine d’août.

  • une réponse incomplète en matière de continuité/permanence de soins pour les clients en canine qui s'adressent au cabinet sans posséder de vétérinaire traitant au préalable.

L'exercice en pratique exclusive de l'ostéopathie attire une clientèle au profil très différent des cabinets vétérinaires généralistes.


En effet, l'ostéopathie est une technique de soin complémentaire qui ne s'utilise pas en première intention dans la majorité des cas. En théorie, tous mes clients possèdent par conséquent un vétérinaire traitant en charge des soins médicaux.

L'autre particularité c'est la territorialité qui est beaucoup plus étendue pour ce type d'exercice. En équine je réalise des déplacements dans les quatre départements bretons voire en Loire atlantique. En canine, certains clients font plus d'une heure de trajet pour venir consulter sur recommandations.


Actuellement, si la réglementation impose une responsabilité collective, il y a néanmoins un certain flou qui suscite de nombreuses interprétations sur qui supporte la PCS lorsque des vétérinaires provenant de différents centres de soins interviennent sur le même animal.

Pour les clients en bovine et en équine, il est de coutume de faire supporter la permanence de soins par le vétérinaire traitant habituel. Coutume qui devrait être officialisée très prochainement à l'occasion de la refonte du suivi sanitaire permanent.

Un tel encadrement n'est pour le moment pas envisageable en canine, laissant subsister le doute sur la structure qui doit supporter la responsabilité de la PCS dans le cas des clients qui fréquentent plusieurs centres de soins vétérinaires simultanément.


Pour assurer la continuité de soin de mes clients en canine la question de signer une convention de PCS avec des confrères voisins s'est donc posée.


Après réflexion, une telle convention n'apporterait aucune amélioration pratique pour les clients qui au final restent libre de choisir leur vétérinaire traitant et dont certains résideront à plus de 50 km de l'éventuelle structure désignée.

Mais elle serait surtout contre productive car de nature à localement dégrader le maillage vétérinaire en incitant au détournement de clientèle vis à vis des vétérinaires traitants initialement choisit par les clients.


Dans le cadre strict de la permanence de soin, une telle convention est dans mon cas facultative, car le code déontologique prévoit de restreindre l'obligation de participation à la permanence de soin aux espèces habituellement soignées, c'est à dire pour lesquelles on détient l'équipement, la technicité et la compétence.

Or un cabinet vétérinaire d'ostéopathie en pratique exclusive ne délivre pas de prises en charge médicales.


Quoi qu'il en soit, je reste sensible au besoin de m'inclure dans le maillage vétérinaire et je suis donc ouverte à toute discussion et autres réflexions collectives pour co-construire des solutions novatrices et qui respectent les modes d'exercice propre à chacun. Comme par exemple la création d'une plateforme téléphonique de régulation ou la mutualisation des moyens entre les vétérinaires ayant des modes d'exercice similaires.


Je suis persuadée que la modernisation de la profession vétérinaire est nécessaire pour s'adapter aux évolutions sociétales. Parmi les nouveaux enjeux le maintien d'un maillage vétérinaire est une priorité qui bouscule les fonctionnements antérieurs.

La logique concurrentielle doit désormais laisser place à la complémentarité et à la collaboration entre les différents centres de soins vétérinaires et les différents modes d'exercice.


Lors de l'enquête administrative, le Drvet L***** a dit une phrase qui m'a beaucoup fait réfléchir : « malgré vos premières expériences professionnelles difficiles, vous êtes encore vétérinaire »

En effet, j'aime beaucoup ce métier et je pense m'y consacrer avec déontologie et dévouement.

Mais je dois être sincère certaines pratiques sur le terrain ne correspondent pas à ma manière de penser le métier et c'est pour cette raison que j'ai fini par opter pour un exercice individuel en pratique exclusive sans pharmacie.


Les petites structures sont aujourd'hui décriées, notamment en raison d'un schéma soit disant obsolète au regard des obligations auxquelles le vétérinaire doit faire face.

Elles apportent pourtant bien plus qu'il n'y paraît à la profession en répondant à certaines problématiques actuelles : proximité et suivi par un même professionnel propice à établir une relation de confiance, possibilité d'une offre de soin plus économique permettant de s'adapter aux capacités financières des clients les plus précaires de plus en plus nombreux, implantation dans les zones désertifiées, facilité à la complémentarité et à la collaboration inter-professionnelle.


Pour toutes ces raisons je pense que la profession gagnerait énormément à mieux défendre le modèle de l'exercice individuel et que les vétérinaires des petites structures encore largement majoritaires en Bretagne devraient faire l'objet de davantage d'attention auprès des instances ordinales.


À titre personnel, je suis par ailleurs tout à fait ouverte à aller à la rencontre des confrères de la région qui se posent des questions vis à vis de mon mode d'exercice en leur présentant des cas concrets de collaboration où des cabinet/clinique vétérinaires accèdent aux bienfaits de la complémentarité en passant le relais à une « vetostéo » en pratique exclusive.


En espérant avoir suscité votre intérêt et votre attention, veuillez agréer l'expression de mes sincères salutations


Le Faouët le 29 juin 2023,

Drvet Émilie Salesse



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