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LE FOIN. Focus sur les critères d’évaluation d'un "bon foin"

Photo du rédacteur: cabinet altervétocabinet altervéto


Le foin est un aliment très courant mais très souvent mal connu.

Les avis sur le « bon foin » peuvent complètement diverger d'un éleveur à l'autre.

Il faut dire qu'entre les adeptes de la « fibre » et les convertis au 100% herbe les besoins sont aussi diversifiés que le nombre de type de foin que l'on peut récolter.


Dans ce bref article je propose un éclairage sur quelques points fondamentaux pour aborder avec plus d'objectivité les caractéristiques de ces fourrages incontournables de la ration hivernale.


Comment objectiver qu'un foin est bon ?


A la question " qu'est ce qu'un bon foin ? " je pense que la meilleure réponse que l'on m'ait donnée c'est : « un foin que les animaux mangent bien ».

C'est vrai qu'en nutrition on oublie facilement que se nourrir est acte conscient et volontaire pour les animaux aussi.

Comme le disait mon collègue et ami Bruno Giboudeau la digestion c'est « une rencontre entre le fourrage et le ruminant ».


En réalité pour donner une réponse plus technique il faut commencer par considérer deux aspects distincts du fourrage : sa conception et sa valeur nutritive.


La qualité de conception et de conservation


Le foin est une conserve d'herbe on dit aussi un fourrage conservé.

Dès le début de la sédentarisation les éleveurs se sont préoccupés de stocker des fourrages pour les périodes de moindre ressources en herbe.


Le processus de dessiccation au soleil est le plus simple moyen de conserver au plus proche de sont état de départ les feuilles de végétaux en limitant les développement des bactéries et des moisissures durant quelques mois.


La toute première qualité d'un bon foin est donc d'être bien sec entre 85 et 87% de Matière Sèche (MS), puis d'être correctement conservé à l'abri de l'humidité.

Si le foin est trop humide rapidement des moisissures vont s'y développer, ce qui sera objectivable par le présence de poussières associées à des odeurs de champignon.

Outre l'altération de la qualité nutritionnelle et la diminution de l'appétence, certaines moisissures produisent des mycotoxines dangereuses pour la santé.


La qualité nutritive


La valeur alimentaire dépend directement de la prairie et du moment de la fauche. Chaque foin a une composition unique en fonction : de la flore prairiale, du stade de maturité, de la saison, des conditions pédo-climatiques et de la fertilité du sol.


Comme l'herbe, les foins sont généralement des fourrages relativement équilibrés en apport d'énergie (cellulose et sucres) et en azote (protéines). Les minéraux sont en partie conservés mais pas les vitamines. Il n'y a pas de lipides (graisses) dans l'herbe.


Sur le terrain, on classe les foins en 3 grandes catégories :

  • les foins « pailleux » pauvre en énergie, leur composition se rapproche de la paille

  • les foins « riches en énergie » et équilibrés en protéines

  • les foins « azotés » c'est dire excédentaires en protéines comme les foins de luzerne.


Certains recherchent des foins avec une grande diversité floristiques pour favoriser à la diversification alimentaire (flore complexe et prairies naturelles)


Enfin, en cas de contamination avec des plantes toxiques (le séneçon de jacobé, la fougère aigle) le foin peut être impropre à la consommation.


Et la fibre dans tout ça ?


La fibrosité est un concept de nutrition des herbivores qui essaie d'approcher le complexe cellulo-lignique.

Autrement dit ce n'est pas un nutriment physique à proprement parler, « les fibres » ne rentrent pas dans la composition chimique de la ration contrairement à la cellulose, les protéines ou l'amidon.

Pour aller plus loin dans la compréhension de ce concept il faut avoir au préalable des connaissances un peu poussées en biologie végétale et en digestion des herbivores plus environ 2 à 3 heures de temps devant soi pour un exposé magistral..


Donc ce qu'il faut retenir de tout cela, c'est que les fibres n'existent pas.

C'est au mieux un raccourci de vulgarisation scientifique à viser pédagogique.

Mais que de plus en plus, et à mon plus grand regret, c'est désormais un mauvais argument commercial mis en avant par les marchants d'aliment... un peu comme les croquettes sans céréales bourrées de pomme de terre des chiens et des chats.

Les analyses de fourrages sont elles nécessaires ?


Les analyses sont des outils formidables en complément des observations de terrain qui permettent d'investiguer des domaines d'une extrême finesse.

Néanmoins en routine, et en dehors de tout contexte de problématique d'élevage ou d'agronomie je fais partie des praticiens qui pensent 'qu'elles n'ont alors aucune utilité.

En effet, les analyses de fourrages ont leur limites et surtout doivent toujours être confrontées à l'analyse visuelle et organoleptique du fourrage.

Il faut savoir aussi qu'il existent de nombreux biais entre l’échantillonnage et le tri éventuel à l'ingestion. C'est pourquoi quand un technicien nutritionniste vous conseille sur analyse sans prendre la peine de voir le fourrage ni de vous questionner sur votre système de distribution vous pouvez être certains que la ration qu'il propose est fantaisiste.


En conclusion,


Il y a tant à dire ! Et mon petit article est déjà bien long...

Si vous avez lu juste ici c'est que le sujet vous intéresse.


Vous avez des questions ? ou vous souhaitez simplement en savoir plus ?

J'organise des ateliers d'échanges sur ce thème le prochaine est prévu le dimanche 9 février 2025.


Je propose aussi des visites pour des conseils individualisés et des suivis sur mesure pour les professionnels et les particuliers, n'hésitez prendre contact pour plus de renseignement.


dr.vet émilie Salesse


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